Le 5 mai, nous célébrons la Journée du patrimoine néerlandais partout au Canada, une occasion de reconnaître et de souligner les nombreuses contributions des Canadiennes et des Canadiens d’origine néerlandaise qui forment le tissu social, culturel et économique de notre pays. Le 5 mai correspond aussi au jour de la Libération des Pays-Bas, soit la fin de l’occupation allemande par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale.

Pendant l’occupation des Pays-Bas, le peuple néerlandais a connu la misère, l’oppression et la famine. En 1945, la progression des nations alliées dans le pays a mis fin à ces rudes épreuves. Le Canada a joué un rôle important dans la libération des Pays-Bas.

Pour souligner la Journée du patrimoine néerlandais, Les Fleurons glorieux s’est entretenu avec Jean-Louis Brenninkmeijer, fondateur de Little Canada (en anglais), qui fait découvrir le Canada de façon visuelle et auditive à l’échelle miniature, comme avec des scènes de Little Toronto, Little Ottawa, Little East Coast, petit Québec et bien d’autres. Né au Royaume-Uni de parents néerlandais, il fête cette année ses 25 ans au Canada.

« L’année prochaine, j’aimerais inclure dans le projet Little Canada le récit du rôle qu’a joué le Canada pour la libération des Pays-Bas », explique M. Brenninkmeijer. Le Canada et les Pays-Bas entretiennent des liens étroits : la famille royale néerlandaise s’était également exilée au Canada et, lorsque Margriet, fille de la princesse Juliana, est née à Ottawa en 1943, le gouvernement du Canada a provisoirement déclaré son lieu de naissance exclu du territoire canadien, ce qui lui a permis de conserver sa nationalité néerlandaise et d’être admissible au trône des Pays-Bas. « Le peuple néerlandais envoie encore 10 000 bulbes de tulipes au Canada pour souligner le rôle qu’a joué le Canada », déclare-t-il.

Qu’est-ce qui vous a incité à vous établir au Canada?

En 1999, je travaillais en Europe et mon entreprise m’a invité à suivre une formation sur la vente au détail dans les magasins spécialisés. Toute ma carrière en Europe était axée sur la distribution de masse et les grandes surfaces. Puis au sein de la même entreprise, nous avions aussi une division qui se concentrait sur les petites tailles. On m’a proposé de travailler dans cette division et on m’a dit que le meilleur endroit pour apprendre était le Canada. J’y ai donc emménagé avec ma femme et mon fils de six mois (nous avons aujourd’hui quatre garçons).

Deux ans plus tard, l’entreprise a décidé de se retirer du secteur des magasins spécialisés, de sorte que mon poste n’existait plus. Je devais prendre une décision et décider quoi faire alors. Nous avons décidé de ne pas retourner en Europe. Nous voulions rester ici. La beauté du Canada y a joué un rôle : après avoir vécu dans un pays où les nuages et la pluie règnent à longueur d’année, nous avions envie de nous retrouver dans un pays avec quatre saisons bien distinctes.

La gentillesse des gens explique également notre décision. Nous avons vraiment adopté la diversité et le multiculturalisme du Canada. Mon père a rencontré beaucoup de gens au cours de ses visites et il aimait sentir que tout le monde ici venait d’ailleurs et avait un passé différent. Le Canada lui a paru un endroit réellement sympathique et stimulant. Mon père l’a très bien exprimé : lorsqu’il nous rendait visite, il disait : « Here the world is still okay » (ici, le monde tourne encore rond). Cette citation est écrite en néerlandais sur le mur de Little Canada.

Quelle a été votre source d’inspiration pour votre initiative Little Canada? Son succès vous a-t-il étonné?

Je suis né au Royaume-Uni de deux parents d’origine néerlandaise. Tous les ans, nous visitions mes grands-parents. Nous avons beaucoup appris sur les Pays-Bas au cours de ces visites. J’ai toujours pensé que Little Canada ressemblerait au Madurodam que notre père nous faisait visiter ainsi qu’au Miniatur Wunderland (en anglais) de Hambourg.

Je ne m’attendais pas à ce que notre équipe mette en œuvre le concept avec tant de brio, comme en témoignent les commentaires et les avis que nous avons reçus depuis l’ouverture. Ces commentaires sont une source d’inspiration. Mais ce qui compte le plus, c’est la portée de notre initiative et les récits que nous racontons. Je n’aurais jamais cru que nous serions en mesure de raconter l’histoire de la Crête de Vimy. Nous omettons les détails sanglants et parlons plutôt du sens de l’initiative et de l’espoir en racontant le récit de Leslie Howard Miller (en anglais), qui a ramené des glands de la crête de Vimy et les a plantés au Canada. Nous relatons aussi le récit de Nichola Goddard (en anglais) : elle voulait servir son pays et elle a fait le sacrifice ultime pour notre liberté. Little Canada peut continuer à témoigner de ces récits et peut-être même en faire davantage.

Nous aimons aussi que notre clientèle nous raconte des anecdotes inspirées par ce qu’elle voit. Près de 5 000 personnes ont été rapetissées et chacune d’entre elles a un récit à propos de l’endroit où elle souhaite être placée. [On peut « rapetisser » les personnes intéressées, c’est-à-dire utiliser la numérisation et l’impression 3D pour créer des figurines à leur image qu’elles peuvent ensuite placer à l’endroit de leur choix.]

Little Canada peut influencer positivement toutes les personnes qui l’explorent, car ce projet permet de relier les gens, les lieux et le vécu à l’échelle miniature ainsi que de raconter des récits que l’on n’apprend pas à l’école.

Qu’est-ce qui vous a incité à ajouter le pont en l’honneur de la capitaine Nichola Goddard (en anglais) et le mémorial de la Crête de Vimy (en anglais) à Little Canada?

Je suis né au Royaume-Uni et j’y ai vécu jusqu’à l’âge de 15 ans. L’une des choses dont je me souviens encore aujourd’hui, c’est qu’au mois de novembre, toute la population britannique porte le coquelicot. Elle est la seule population européenne à le faire et j’ai toujours aimé le porter. Mon père achetait un coquelicot auprès des cadets, puis je portais le coquelicot en Europe pour aller à des réunions. D’une certaine manière, le coquelicot m’a permis de mieux comprendre le rôle du Canada comme nation qui contribue au maintien de la paix.

Au fil des ans, l’idée de l’Autoroute des Héros a germé dans mon esprit et je trouvais que ce récit valait la peine d’être raconté, étant donné que beaucoup de personnes l’ignorent, en particulier celles qui viennent d’arriver au pays. J’ai beaucoup lu sur le sujet et j’ai communiqué avec Les Fleurons glorieux, qui a organisé un déjeuner avec Kate, la sœur de Nichola Goddard. Je voulais dédier un pont à Nichola et y apposer une plaque. Ce projet nous a pris trois ans de préparation. Cette scène demeure ma préférée dans Little Canada, car elle signifie beaucoup pour moi. Elle représente l’idée générale du choix fait par d’autres humains de consacrer leur carrière à assurer la liberté d’autrui, et ce, malgré tous les risques inhérents. Beaucoup de ces personnes sont mortes pour notre liberté et des milliers et des milliers d’entre elles étaient très jeunes. Je regarde mes garçons et j’imagine ce que serait la vie s’ils ne revenaient pas. Voilà pourquoi je voulais l’intégrer à Little Canada : afin de rappeler aux gens que les militaires font partie de notre société.

Nous avons inauguré l’Autoroute des Héros en novembre 2021. Depuis, des anciennes combattantes et des anciens combattants qui visitaient Little Canada ont demandé à ce que leur propre figurine soit placée sur le pont de l’autoroute.

La même chose s’est produite pour le monument de la Crête de Vimy. Je l’appelle Le Canada sans frontières. L’une de nos responsabilités consiste à donner l’occasion de réfléchir à ce qui s’est passé il y a 100 ans, au cours de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée. La bataille de la Crête de Vimy fait partie de ces moments propices pour parler de collaboration, d’esprit d’initiative et d’espoir.

Je me souviens avoir visité Berlin-Est et la Hongrie à l’occasion de voyages scolaires lorsque j’allais à l’école en Allemagne. J’ai pu voir de mes propres yeux ce que signifiait vivre sans liberté. Le monument de la Crête de Vimy me rappelle que nous avons la chance de vivre dans un pays libre.

En 2025, Les Fleurons glorieux organisera une tournée commémorative pour le 80e anniversaire de la libération des Pays-Bas. Pour obtenir de plus amples renseignements, envoyez un courriel à events@truepatriotlove.com.