Le Commandant (retraité) James Strickland vient d’une famille de militaires. Son arrière-grand-père était pilote pendant la Première Guerre mondiale, avant même que le Canada dispose d’une Force aérienne, et a survécu après avoir vu son avion s’abattre en France. Son père et le frère de son père ont servi courageusement leur pays lors de la Deuxième Guerre mondiale.

James Strickland s’est joint aux FAC en 1986. Au fil du temps, sa carrière l’a amené à s’aventurer dans une voie de plus en plus risquée, et ce, comme membre de l’unité d’élite canadienne chargée des opérations spéciales, où il a passé la plus grande partie de sa carrière militaire.

« C’était plus une vocation pour moi; si vous parveniez à passer à travers la sélection, vous étiez alors destiné à faire partie de l’unité. »

Après avoir officiellement pris sa retraite de la Marine en 2019, M. Strickland a décroché un emploi comme chef du service de sécurité d’une société multinationale canadienne d’une valeur estimée à plusieurs milliards de dollars. Mais après trois ans à peine au sein de l’entreprise, il a vu sa nouvelle carrière faire un virage inattendu. Quand le cours des actions de la société a dégringolé, il a été mis à pied pour la première fois de sa vie.

La transition a été une secousse; il s’est demandé s’il avait échoué d’une façon ou d’une autre. Mais grâce aux mots de sagesse de la part de ses collègues, M. Strickland s’est rendu compte que le fait d’être mis à pied n’était pas du tout un échec, mais plutôt une occasion à saisir pour changer les choses. Pour la première fois de sa carrière, il a eu le luxe de prendre le temps de réfléchir et de réévaluer ses objectifs.

Il a décidé de consacrer une année entière à l’expérimentation professionnelle et à l’introspection. Après avoir entendu parler de l’Expédition vers le sommet du mont Barbeau de la Fondation Les Fleurons glorieux, M. Strickland a fait une demande pour participer à l’ascension; il y voyait une occasion de reprendre son entraînement et de se concentrer sur son prochain défi.

Mais pour lui, cette ascension revêtait un sens nettement plus important.

« La moitié du défi concerne la collecte de fonds, et l’autre moitié est dédiée à ma fille. »

Après sa deuxième année d’études au Collège militaire royal du Canada (CMR), Nicole, la fille de M. Strickland, a reçu un diagnostic de leucémie. Le pronostic n’était pas bon – une ponction de la moelle osseuse a révélé une probabilité de cancer effarante de 98 %. Elle a dû abruptement mettre en suspens ses rêves.

Heureusement, on a pu obtenir auprès sa sœur aînée un tissu qui convenait parfaitement à la greffe de cellules souches dont Nicole avait besoin. Elle s’est finalement remise de son cancer et est retournée à ses études au CMR, où elle a été nommée meilleure cadette au moment d’obtenir son diplôme. Peu de temps après sa première affectation, Nicole a eu une rechute de son cancer… mais elle l’a vaincu de nouveau.

Les Fleurons glorieux s’est ralliée autour de la famille et lui a apporté un immense soutien affectif et financier dont M. Strickland est très reconnaissant à ce jour.

Le souvenir qu’il garde de la lutte qu’a livrée sa fille pour vaincre le cancer aide justement M. Strickland à se préparer mentalement pour le périple, ce qui lui donne l’inspiration pour aller de l’avant.

« Je dois accepter le fait que j’ai des blessures qui m’ennuient lorsque je m’entraîne. Et cela n’a rien à avoir avec mon ego; comme officier de carrière, j’ai l’habitude de prêcher par l’exemple. Ce serait difficile pour moi d’accepter que ce soit moi qui ralentis le déroulement de l’expédition. »

Pour M. Strickland, l’Expédition vers le sommet du mont Barbeau s’harmonise aux défis auxquels il a dû faire face comme ancien combattant, tel qu’en témoigne son dernier changement de carrière comme conseiller en gestion de crises et mentor en leadership au service d’autres personnes anciennes combattantes, tout en travaillant aux côtés de directrices et de directeurs de société.

« Nous nous trouvons plus souvent en situation de transition qu’en période de statut quo. Et c’est une bonne chose. »