Porter le fardeau du service – Le parcours d’Erica vers la guérison et la quête d’un but
Faites la connaissance d’Erica
J’ai été soldate pendant 25 ans durant lesquels j’ai mis à profit mes compétences spécialisées en plongée de combat, parachutage et opérations en montagne. Aller sous l’eau pour faire exploser des choses. Sauter d’un avion pour faire exploser des choses. Je suis instructrice en plongée de combat, opérations urbaines et combat rapproché.
J’ai participé à des missions en Afghanistan, en Irak et en Haïti. J’ai été la première sur les lieux après des explosions d’engins explosifs improvisés. Avant même l’arrivée des équipes médicales, je nettoyais la zone des débris et des dégâts, tant militaires qu’humains. Je souffre d’un trouble de stress post-traumatique, et l’exposition prolongée aux explosions, aussi bien à l’entraînement qu’au combat, m’a touchée de façon permanente.
Pendant toute ma carrière, j’ai brisé des choses, y compris moi-même, les autres, la nature, et pour le temps qu’il me reste à vivre, je veux guérir et réparer.
C’est pourquoi j’ai saisi l’occasion de me joindre avec enthousiasme à l’expédition vers le sommet du mont Barbeau de Les Fleurons glorieux, en juillet. J’ai été ravie à l’idée de tisser des liens avec des leaders communautaires et des chefs d’entreprise dans un environnement aussi intense et stimulant.
« Tout le monde travaillait ensemble, hors de sa zone de confort, à une toute nouvelle manière de s’élever, de faire face à l’adversité et d’avancer. »
Je savais que, en qualité de soldate, je pouvais mettre à profit ma capacité à porter des charges lourdes et ma force physique. Je me suis toujours fait le devoir de me maintenir dans une forme physique optimale, particulièrement parce que mes concurrents étaient des hommes. On travaillait ensemble et cela a tissé des liens indéfectibles.
À mesure que nous cheminions ensemble, j’ai présumé que ce que j’apportais à l’équipe était ma force physique. J’ai été inspirée en voyant ces gens, pour qui ce défi n’était pas du tout familier, le relever avec brio. Cependant, j’ai commencé à ressentir un certain déséquilibre, assez injuste à mon avis :
ils portaient leur propre équipement et le faisaient à merveille, mais ils portaient aussi ma charge émotionnelle et mentale. Ils démontraient beaucoup d’intérêt et de curiosité pour les anecdotes que je racontais et m’ont témoigné beaucoup de compassion et d’empathie. Je me suis demandé si mes efforts faisaient réellement le poids dans cette expédition.
Je savais que j’étais là pour porter des charges lourdes. Mais ce qu’ils ont porté pour moi était vraiment précieux : un sentiment d’appartenance, un sens, un but.
Puis c’est arrivé. Nous nous sommes rendu compte que nous n’allions pas atteindre le sommet. C’était trop dangereux, voire périlleux. Nous ne pouvions le faire de façon sécuritaire. Et nous en étions là : ensemble, nous avions toutes et tous saigné et transpiré; nous nous étions dépassés, mais nous n’allions pas atteindre notre objectif, le sommet du mont Barbeau. Et c’est à ce moment-là que cela m’a frappée. C’est ce que nous faisons dans l’armée : Nous persuadons les gens d’avancer, même dans la défaite et le désespoir. Les soldats reconnaissent la souffrance, mais nous ne faisons pas de sur-place. Nous ne pouvons pas. Alors, nous avançons, et à ce moment-là, j’ai su pourquoi les anciennes combattantes et les anciens combattants étaient là… pour partager cela. Non pas pour partager la déception, mais pour aider l’équipe à voir le côté positif, pour que nous puissions avancer ensemble et tirer le meilleur parti du temps qu’il nous reste à passer ensemble.
Quand l’armée avance, elle vous laisse derrière elle. Cela se fait à dessein. Avant ce voyage, je me sentais brisée; je sentais que l’armée et la société n’avaient plus besoin de moi.
« Mais ce voyage m’a permis de me sentir utile et importante. Il m’a permis de me rendre compte que je n’étais pas une chose brisée qu’il fallait mettre au rebut ou un équipement tombé en désuétude. »
Je ne suis pas seulement un citron que l’on peut jeter après que l’on en a pressé tout le jus. Il y a des gens qui reconnaissent ce que nous avons traversé. Même si nous sommes brisés et que nous porterons en nous nos blessures pour toujours, nous sentons que nous sommes appréciés et que nos sacrifices sont appréciés. Il y a encore bien des façons pour nous de servir.
« Je veux que toutes les personnes qui appuient Les Fleurons glorieux, que ce soit par le biais des expéditions ou autre, donnent à des programmes qui aident les anciennes combattantes et les anciens combattants comme moi à servir les autres d’une nouvelle manière. Cela nous aide à nous rappeler que nous avons une raison d’être en dehors de l’armée. De plus, cela change et sauve des vies. Merci. »