Entrevue de Paul Kernaghan à propos de l’expédition de la Fondation Les Fleurons glorieux
Le lieutenant-colonel Paul Kernaghan a servi dans les Forces armées canadiennes (FAC) et les Opérations spéciales à titre de sapeur de combat. Il a été déployé en Bosnie à l’occasion de l’opération Palladium et en Afghanistan pour l’opération Athena. En août 2024, il prendra sa retraite des FAC après près de quatre décennies de service.
En 2023, Paul Kernaghan a participé à l’expédition de la Fondation Les Fleurons glorieux au mont Barbeau sur l’île d’Ellesmere dans le parc national Quttinirpaaq. Ce sommet est le plus isolé du Canada, et avec ses 8 583 pieds (2 616 m), c’est la plus haute montagne du Nunavut, de l’Arctique canadien et de l’est de l’Amérique du Nord.
Contre toute attente, l’équipe de l’expédition a été confrontée à du mauvais temps après avoir atteint le premier camp et a dû prendre la difficile décision de faire demi-tour afin de prioriser la sécurité. Cependant, en dépit de ces difficultés, l’équipe a réussi à conquérir un sommet sans nom et à réussir une première ascension remarquable.
La Fondation Les Fleurons glorieux s’est récemment entretenue avec lui pour avoir son point de vue sur l’impact de l’expédition après un an, sur ce qu’il a appris à propos de lui-même et sur ce que les civils peuvent apprendre des liens qui existent entre les soldats.
Quel est votre souvenir préféré de l’expédition?
Pour un souvenir de l’expédition, vous pensiez probablement que je me rappellerais un endroit ou un événement précis, toutefois, ce que j’ai retenu, ce sont les gens qui m’ont dit que j’avais l’air heureux. Je ne sais pas à quel point j’étais dépourvu d’émotion avant l’expédition, mais ça devait être assez remarquable. Cette expédition m’a apporté une certaine joie de vivre que je n’avais pas ressentie depuis longtemps.
Que signifie cette expédition pour vous?
L’expédition a été l’occasion pour moi de me couper des difficultés que j’ai rencontrées ou envisagées dans ma vie. Elle m’a permis de vivre le moment présent, de tisser des liens avec les autres et de suivre l’air d’aller.
Quels conseils donneriez-vous à une personne qui se prépare pour sa première expédition?
De laisser les choses se faire naturellement. On apprend aux soldats à contrôler leur environnement, parce que c’est ce que doit faire une armée. Le monde réel ne fonctionne pas de cette manière, alors il s’agit d’une excellente occasion de se laisser entraîner par cette expérience.
Qu’avez-vous appris à votre sujet pendant l’entraînement et ensuite pendant la randonnée?
J’ai appris que les plus grandes expériences se vivaient en écoutant et en prenant le temps d’apprécier son environnement. Je ne faisais pas ça ; je n’étais pas capable de laisser les choses aller d’elles-mêmes. J’étais beaucoup trop intense (même si je pense que je m’étais adouci).
Comment votre vie a-t-elle changé depuis que vous avez participé à l’expédition?
J’arrive beaucoup mieux à déterminer ce que j’aime et ce que je devrais faire davantage dans ma vie. J’ai dit à beaucoup de gens : « L’armée vous dit où vous irez, ce que vous ferez et que cela vous plaira, alors vous répondez “Oui monsieur” et vous y trouvez un sens. Une des choses les plus difficiles après près de quatre décennies en uniforme est de découvrir ce que j’aime vraiment, mais vraiment faire. » L’expédition a été une étape importante dans ce processus pour moi.
Que retenez-vous du mentorat civil?
Il y a de l’amour dans ce monde et de nombreuses personnes qui souhaitent nous aider. Je dois encore apprendre comment demander de l’aide, parce que demander de l’aide, c’est un signe de faiblesse dans l’armée. J’ai également appris ce qui me motive et me permet de m’épanouir.
Selon vous, qu’est-ce que ces personnes ont appris de vous?
Je ne sais pas. Peut-être parce qu’il existe un lien incroyable et puissant entre les soldats, qui fait que nous pouvons être de vrais abrutis à un moment, puis que nous pouvons partager la douleur des uns et des autres l’instant d’après.