Vous connaissez probablement Damon Bennett de Holmes on Homes, l’émission de télévision locale sur la rénovation domiciliaire qui est devenue un succès international.

En 2023, M. Bennett a participé à une expédition de la Fondation Les Fleurons glorieux dans le Montana, qui revenait sur les pas de la Première Force de Service spécial (PFSS), également connue sous le nom de Brigade des diables, un commando d’élite composé de combattants canadiens et américains, dont la légende est née lorsqu’il a pris le mont La Difensa en Italie à l’armée allemande, en 1943.  L’expédition dans le Montana a reproduit l’entraînement rigoureux suivi par les membres de la FSSF dans le Montana en 1942 et a réuni d’anciens combattants et des civils en vertu d’un programme de mentorat unique conçu pour aider les anciens commbattants au cours de leur transition à la vie civile.

Plus récemment, M. Bennett a particpé à la deuxième phase de l’expédition Brigade des diables : visites des champs de bataille historiques en Italie, y compris le mont La Difensa, afin de souligner les exploits et les sacrifices des soldats de la PFSS.

La Fondation Les Fleurons glorieux a eu la chance de s’entretenir avec lui à propos de l’impact des expéditions et du chemin inattendu qu’il a suivi pour se joindre à elles.

Existe-t-il un lien entre les membres de votre famille, ou vous-même, et les Forces ?

Mes grands-oncles ont servi dans la marine pendant la Seconde Guerre mondiale, et plus jeune, chaque été, ma grand-mère nous invitait à nous asseoir avec elle pour nous montrer les photos de ses frères en uniforme dans l’album et nous raconter des histoires. Depuis la vingtaine, je suis fasciné par l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, et aujourd’hui, j’essaie de savoir sur quel navire ils ont servi.

Qu’est-ce qui vous a motivé ou inspiré à participer au voyage de la Fondation Les Fleurons glorieux en Italie ?

C’est une longue histoire !

Quand je travaillais à Holmes on Homes, c’était la guerre en Afghanistan, et en regardant les reportages sur les combattants, j’éprouvais une immense fierté.

Pour l’émission, j’ai eu l’occasion de rencontrer Johnny Kendall et Glen Coyle, des soldats revenus d’Afghanistan après avoir été libérés pour raisons médicales à la suite d’un trouble de stress post-traumatique (PTSD). Ils m’ont parlé de ce qu’ils traversaient, et comme moi aussi j’ai été aux prises avec la dépression et l’anxiété, je pouvais comprendre ce qu’ils vivaient. J’ai demandé à Mike si nous pouvions les embaucher, et il a répondu oui, parce qu’il me faisait suffisamment confiance.

Par l’entremise de ces deux amis, j’ai rencontré d’autres anciens combattants et soldats en service. Les amis les plus proches de Johnny sont les personnes qui ont servi avec lui. J’ai depuis lors rencontré des milliers de soldats et il existe un lien spécial entre les personnes qui ont servi. Il existe une force en chacun d’elles, qui vient de ce qu’elles ont traversé. Je me sens aussi proche de mes amis qui servent ou qui ont servi qu’un civil peut l’être, mais je sais que je dois parfois leur laisser de l’espace. J’essaie de ne pas m’incruster dans la relation qui existe entre eux.

Johnny Kendall et Jeremy Blair [des guides de l’expédition dans le Montana] avaient servi ensemble en Afghanistan, et c’est lors d’une mission que leur est venue l’idée de Off Trail Odysseys (en anglais), leur entreprise de guides de voyages d’aventure. Des années plus tard, Jeremy est parti en expédition avec Les Fleurons glorieux et c’est à ce moment-là qu’il a constaté qu’il n’y avait pas que les soldats qui se souciaient des anciens combattants. Il est très difficile pour quelqu’un qui a servi de croire que des gens se soucient de lui.

Alors, quand Johnny m’a demandé par texto : « Veux-tu aller au Montana? », c’était le bon moment. J’ai participé à l’expédition de Les Fleurons glorieux au Montana, c’était le premier de deux voyages dont le but était de retracer le parcours de la Première Force de Service spécial. Le prochain était le voyage en Italie.

Au Montana, j’ai aidé aux livraisons de matériel tout au long de la route. Je disposais d’un VUS, que nous remplissions de bidons d’eau, de nourriture, de fournitures médicales, d’équipements de photographie, et je conduisais jusqu’aux sites de déchargement. Mon seul souci, c’étaient les ours, après tout, j’étais seul au pays des grizzlis.

Lorsqu’ils parlaient du voyage en Italie, je restais silencieux. Bien sûr que je voulais y aller, mais je voulais d’abord m’assurer que d’autres en avaient d’abord l’occasion. Environ un mois avant l’expédition, je dînais avec les gars et ils m’ont demandé : « Qu’est-ce que tu emportes en Italie? ». J’étais très enthousiaste à l’idée de voir l’endroit où nos soldats se sont battus et se sont sacrifiés, car c’est un lieu sacré.

Quel a été votre rôle au cours du voyage en Italie?

J’aidais Jeremy, Johnny et le reste de l’équipe de Off Trail Odysseys. Nous sommes partis en reconnaissance : nous avons escaladé chaque colline et chaque montagne à l’avance. Nous avons installé les plaques honorant les soldats canadiens. Nous avons déposé des cordes pour les grimpeurs – dont je ne faisais pas partie – sur le mont La Difensa. De nombreux participants voulaient l’escalader, alors Jeremy et les gars ont tout organisé. Notre ami Ryan Hawkyard, un autre ancien combattant, a vécu un grand moment lorsqu’il l’a escaladé. Son grand-père était dans la PFSS, alors c’était spécial pour lui de grimper là où il a grimpé, de se tenir là où il s’est tenu et de passer par là où il a combattu. Les Fleurons glorieux m’avait aussi demandé de faire une prise de contrôle des médias sociaux pendant le voyage, et c’était amusant. C’était aussi formidable de voir l’architecture en Italie parce que je suis un constructeur. Les participants au voyage parlaient de la nourriture et moi j’observais les bâtiments autour de l’endroit où on mangeait en pensant à la structure.

Quel a été l’impact de votre présence sur place?

Nous sommes arrivés au sommet du mont La Difensa, et il n’y avait que des pierres et des gravats partout, avec des falaises d’un côté et une position largement fortifiée. Où donc se cachaient ces gens afin de s’abriter pendant la bataille? John Hart nous a montré les bunkers et chaque bunker était lié à une histoire, comme celle du soldat qui a sauté dans un trou de tirailleurs, ou celle de cet autre soldat qui a lutté pour sa vie et puis on a commencé à voir des éclats d’obus, des balles et des bombes encore enfouies dans la terre sans avoir explosé. C’était un endroit surréaliste et triste. C’était inimaginable d’être dans un lieu où les gens ont combattu pour les libertés dont nous jouissons et où certains ont payé le prix ultime. C’est un endroit lourd de sens où les gens peuvent s’asseoir, ou rester debout, pour réfléchir. J’étais heureux d’être avec le bon groupe et les bons amis et de pouvoir en parler. C’est une expérience que je n’oublierai jamais.

Vous êtes lieutenant-colonel honoraire; que signifie cette reconnaissance pour vous?

J’ai été lieutenant-colonel honoraire du 32e Bataillon des services à Downsview, en Ontario. Dans la réserve, les gens travaillent toute la journée et font leur service militaire après le travail. Les membres honoraires sont des civils. C’est la meilleure expérience que j’ai eu à vivre. Pour moi, porter l’uniforme de son pays est le plus grand honneur imaginable. Avant son décès, ma mère a pu me voir en uniforme et elle m’a dit : « Je suis fière de toi ».

Comment est-ce arrivé? C’est aussi une longue histoire!

Au cours des années, j’ai été régulièrement invité à prononcer des discours. On m’a demandé de prendre la parole à un souper militaire à la BFC Trenton. Je l’ai fait, mais j’ai renoncé à mes honoraires. Le colonel de la base m’a demandé si le projet de rénovation du mess des jeunes, qui était inoccupé et inutilisable, m’intéresserait. J’ai demandé si on pouvait filmer. Je voulais montrer aux Canadiennes et aux Canadiens à quoi ressemblait l’autre côté de la clôture et ce que ces hommes et ces femmes avaient fait pour notre pays. Les gens sont souvent intimidés par ce qui se trouve « derrière la clôture ». J’ai donc passé du temps avec les différents escadrons et nous avons tout filmé. Le projet a duré environ un an, et nous l’avons transformé en une série Web (en anglais) que nous avons appelée Damon Bennett On Base.

J’ai reçu l’appel m’informant de ma nomination comme lieutenant-colonel honoraire de John Haylock du 32e (Bataillon des services) qui m’a dit : « Vous connaissez déjà la moitié de mon unité. Vous êtes là pour les bonnes raisons ». David Devries était le nouveau commandant divisionnaire sous les ordres duquel j’allais servir. Nous nous sommes vraiment bien entendus et nous avons bien travaillé ensemble. David était l’un des participants aux Jeux Invictus de 2017 à Toronto. Ces Jeux m’ont vraiment inspiré. C’est un événement extraordinaire qui vise à rendre hommage aux anciens militaires blessés et à renforcer leur autonomie.

Les Canadiens n’affichent pas le patriotisme exalté dont font preuve les Américains, mais à mon avis, nous aimons nos hommes et nos femmes qui servent, et qui ont servi, et nous les tenons en très haute estime Comme je l’ai déjà dit, une des plus grandes fiertés de ma vie a été de porter cet uniforme, et je suis prêt à donner de mon temps pour aider chaque fois que c’est possible.

Apprenez-en plus sur les expéditions et les voyages éducatifs à venir de Les Fleurons glorieux.