Le 9 août tous les ans au Canada, on souligne la Journée nationale des Gardiens de la paix (Casques bleus) afin de rendre hommage à toutes les personnes qui se sont investies en faveur de la paix, de la sécurité et des droits de la personne.

La Journée nationale des Gardiens de la paix a vu le jour au Canada en 2008. Elle offre aux Canadiennes et aux Canadiens l’occasion d’exprimer leur fierté et leur gratitude à l’égard du personnel des Forces armées canadiennes, de la Gendarmerie royale du Canada et des services de police provinciaux et municipaux ainsi qu’aux diplomates et membres de la communauté civile du Canada qui ont travaillé en appui aux opérations internationales de paix et de sécurité.

La Journée nationale des Gardiens de la paix a lieu le 9 août pour commémorer la date à laquelle, en 1974, le Canada a perdu le plus grand nombre de vies au cours d’une mission de maintien de la paix. Les neuf Casques bleus du Canada qui se trouvaient à bord d’un aéronef de transport canadien aux couleurs des Nations Unies ont péri lorsque leur avion a été abattu par des missiles syriens durant une mission ordinaire de ravitaillement au Moyen-Orient.

Le rôle du Canada pour le maintien de la paix

Depuis 1947, des Canadiennes et Canadiens ont servi à l’étranger pour maintenir la paix et ont participé à diverses forces opérationnelles des Nations Unies, de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord ainsi qu’à d’autres missions de paix multinationales. D’emblée, le Canada a joué un rôle de premier plan dans les efforts de maintien de la paix.

Depuis, plus de 125 000 membres des Forces armées canadiennes et de la communauté civile, des diplomates, des membres de la Gendarmerie royale du Canada et des membres des services de police autochtones, provinciaux, municipaux et régionaux ont participé à près d’une centaine de missions de maintien de la paix aux quatre coins du monde. Cent trente vies canadiennes ont été perdues durant de ces missions de l’ONU.

Lester B. Pearson, secrétaire d’État aux Affaires étrangères au Canada, a reçu le prix Nobel de la paix en 1957 pour l’organisation, en 1956, de la première Force d’urgence des Nations Unies en faveur du maintien de la paix. Composée d’environ 6 000 personnes, la Force a surveillé le retrait des troupes britanniques, françaises et israéliennes du territoire égyptien après la crise de Suez. Découvrez le discours de Lester B. Pearson lorsqu’il a reçu le prix Nobel de la paix (en anglais) et renseignez-vous sur les efforts qui lui ont valu ce prix ainsi que sur la contribution du Canada.

Une tâche complexe, exigeante et dangereuse

Le maintien de la paix est fondé sur l’idée selon laquelle la présence d’une force militaire impartiale dans un conflit régional peut réduire les tensions et améliorer les chances d’une issue pacifique. Mais assumer ces fonctions représente une tâche complexe et exigeante.

Les membres des Forces armées qui partaient en mission de paix internationale devaient surveiller les cessez-le-feu, patrouiller dans les zones tampons, servir d’intermédiaire entre des groupes en conflit, enquêter au sujet de violations, éliminer des mines antipersonnel, enquêter au sujet de crimes de guerre, saisir des armes, protéger des personnes réfugiées et fournir une aide humanitaire.

Mais les Casques bleus du Canada ont aussi connu de graves situations, notamment des bombardements d’artillerie et des échanges de tirs, notamment pendant des missions à Chypre (en anglais), pour lesquelles plus de 33 000 membres des Forces canadiennes ont servi et 28 de ces membres ont péri.

Les Forces canadiennes se sont rendues dans la région des Balkans pour y maintenir la paix, mais elles ont vite constaté qu’il y avait très peu de « paix » à « maintenir ». Plusieurs membres des FAC ont essuyé des tirs, notamment une confrontation particulièrement tendue à Medak (en anglais), en Croatie. Les troupes canadiennes y ont vécu leurs plus difficiles combats depuis la guerre de Corée. Dans la région des Balkans, 23 membres de nos Forces armées ont perdu la vie et plusieurs autres ont subi des blessures, notamment des traumatismes psychologiques liés aux crimes de guerre et aux atrocités infligées à la communauté civile.

La Force de maintien de la paix reçoit le prix de la paix

On a décerné le Prix Nobel de la paix 1988 (en anglais) aux Forces de maintien de la paix des Nations Unies (en anglais) pour avoir empêché des affrontements armés et favorisé des conditions propices aux négociations. Cela a inspiré la mise en place de la Médaille canadienne du maintien de la paix (MCMP) afin de récompenser la contribution unique à la paix apportée par les Casques bleus du Canada depuis 1947. En date du 31 décembre 2023, on a décerné 78 056 Médailles canadiennes du maintien de la paix.

De 1960 à 1990, le Canada a été l’un des principaux contributeurs aux missions de maintien de la paix et a constamment déployé près de 1 500 militaires en moyenne pour participer à ces efforts. Les troupes qui participent aux missions des Nations unies portent généralement des casques ou des bérets bleus, lesquels, en plus de justifier leur appellation, représentent un symbole iconique du maintien de la paix. Au début des années 1990, la participation de notre pays aux missions de maintien de la paix était à son apogée et près de 4 000 Casques bleus canadiens servaient sous le drapeau de l’ONU.

Échecs en matière de maintien de la paix

La réputation internationale du Canada a souffert au début des années 1990. En mars 1993, au cours d’une mission de maintien de la paix en Somalie, des membres du Régiment aéroporté du Canada ont abattu un Somalien qui pillait les installations. Douze jours plus tard, des membres de ce Régiment ont torturé et assassiné un jeune Somalien qui prenait de la nourriture et de l’eau placées comme appâts à l’intention de voleurs. Cette affaire a soulevé un scandale, déclenché une enquête et dominé la scène politique canadienne pendant des années.

De 1993 à 1995, le Canada a été l’un des plus importants participants à une série de missions de maintien de la paix des Nations Unies dans la nation africaine du Rwanda. Malgré tout, la Mission des Nations Unies pour l’assistance au Rwanda (MINUAR), dirigée par le major général canadien Roméo Dallaire, n’a rien pu faire pour prévenir l’assassinat de quelque 800 000 Rwandaises et Rwandais en 1994. Le refus de l’ONU d’écouter les avertissements de Roméo Dallaire quant au génocide imminent et sa réticence à agir de façon décisive une fois les massacres commencés ont laissé une tache indélébile sur sa réputation et sur celles de ses nations participantes.

Maintien de la paix à l’heure actuelle

En 1992, le Canada se classait au troisième rang mondial (en anglais) en matière du nombre de Casques bleus, derrière la France et le Royaume-Uni. Selon les données de l’ONU, il y avait en date du 30 juin 2024 44 casques bleus du Canada déployés pour des missions de l’ONU, y compris en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud.

Cette tendance à la baisse du nombre de Casques bleus ne se limite pas au Canada. D’après les données de l’ONU, le Canada compte actuellement plus de Casques bleus en service que les États-Unis, qui en ont déployé 27. Les données actuelles de l’ONU indiquent que les contributions de la France et du Royaume-Uni s’élèvent respectivement à 727 et 270 membres des forces de maintien de la paix. Aujourd’hui, le Népal et l’Inde sont les deux pays qui participent le plus aux missions de paix et comptent plus de 6 000 personnes au sein de leurs troupes respectives.

Prochaine étape en matière de maintien de la paix

Même si l’ONU compte plus de 70 000 membres des Forces armées et des services policiers qui participent aux missions de maintien de la paix, les femmes représentent moins de 8 % du personnel en uniforme. L’initiative Elsie, lancée par Affaires mondiales Canada, vise essentiellement les femmes qui exercent des fonctions policières et militaires, avec pour objectif de contribuer à accroître la participation véritable des femmes dans les missions de maintien de la paix de l’ONU. L’initiative favorise la recherche et fournit des fonds pour permettre le déploiement d’un plus grand nombre de femmes ainsi que leur participation à des missions de maintien de la paix.

Plus de la moitié des missions de maintien de la paix des Nations unies ont lieu dans des pays qui ont recours à des enfants comme militaires. En 2017, le Canada a lancé, en collaboration avec la Roméo Dallaire Child Soldiers Initiative, les Principes de Vancouver sur le maintien de la paix et la prévention du recrutement et de l’utilisation d’enfants-soldats. Ces principes comportent des lignes directrices de mise en œuvre qui visent à prévenir et à combattre le recrutement et l’utilisation d’enfants par les forces armées et les groupes armés au cours des missions de maintien de la paix de l’ONU. Cinquante-cinq États membres des Nations unies ont fondé et adopté les principes de Vancouver. Le nombre de pays signataires s’élève aujourd’hui à plus de 100.

Évolution des mentalités en matière de maintien de la paix

Lors d’un entretien réalisé l’année dernière avec CTV News (en anglais), le lieutenant-général (à la retraite) et ancien sénateur Roméo Dallaire a souligné l’évolution des mentalités en matière de maintien de la paix. Selon lui, le sens de la responsabilité de protéger les autres a changé et l’on privilégie désormais les intérêts nationaux plutôt qu’une paix durable à l’échelle mondiale.

« Nous constatons encore aujourd’hui une réticence à prendre des risques, une peur des pertes, et nous ne fournissons pas le niveau de ressources et de personnes capables non seulement de mettre fin à des conflits, mais aussi de les prévenir », a-t-il déclaré. « Je crains que ce problème ne soit encore loin d’être résolu ».

Renseignez-vous au sujet des Casques bleus et de la Journée des Gardiens de la paix.

  • Au cours du génocide au Rwanda, le lieutenant-général (à la retraite) Dallaire a fait face à l’impensable : on recrutait des enfants et on les exploitait pour commettre des atrocités. Cette expérience a engendré chez lui des troubles de stress post-traumatique qui touchaient son moral et ses activités. Il s’est dont engagé à déstigmatiser les troubles de stress post-traumatique des anciennes combattantes et anciens combattants ainsi qu’à mettre un terme au recrutement et à l’utilisation d’enfants dans le monde entier. Vous pouvez obtenir d’autres détails au sujet ders efforts de l’Institut Dallaire Institute for Children, Peace, and Security ainsi que sur les Principes de Vancouver sur le maintien de la paix et la prévention du recrutement et de l’utilisation d’enfants-soldats.
  • Découvrez les cérémonies qui soulignent la Journée des Gardiens de la Paix au sein de votre collectivité.
  • Renseignez-vous à ce sujet et planifiez votre visite au monument Réconciliation : Le monument au maintien de la paix à Ottawa.